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La danse des valeurs
Sergueï Eisenstein et le Capital de Marx
Elena Vogman
Diaphanes, 2020

Le Capital de Sergueï Eisenstein (1927-1928) est un fantôme à plus d’un titre: bien que le film n’ait jamais été réalisé, il a néanmoins hanté l'imagination de nombreux cinéastes, historiens et écrivains jusqu’à aujourd’hui et même récemment avec les Nouvelles de l’Antiquité idéologique : Marx – Eisenstein – Le Capital d’Alexander Kluge. De plus, sa première matérialisation publique – un fragment d’une dizaine de pages issu des carnets du réalisateur – était marquée par ce qui demeurait absent : les images et le matériau de travail d’Eisenstein.

La Danse des valeurs ambitionne d’invoquer à nouveaux frais le fantôme du Capital mais en se fondant cette fois-ci sur l’ensemble de son corps d’archives. Cette « instruction visuelle à la méthode dialectique », selon les mots-mêmes d’Eisenstein, comprend plus de 500 pages de notes, de dessins, de coupures de presse, de diagrammes d’expression, de plans d’articles, de négatifs d’Octobre, de réflexions théoriques et de longues citations. La Danse des valeurs explore la nécessité formelle qui sous-tend les choix d’Eisenstein dans le Capital. Sa lecture fait valoir que sa complexité visuelle ainsi que son efficacité épistémique résident précisément dans l’état de son matériau : une danse de thèmes hétérogènes et de fragments disparates, un flux non-linéaire, provisoire et inarticulé.

Les séquences visuelles d’archives, publiées ici pour la première fois en France, ne sont pas bâties à titre de simples illustrations, mais en tant qu’arguments à part entière, donnant à voir ce qui se joue pour Eisenstein dans le Capital : une théorisation visuelle de la valeur. Une lecture des archives d’Eisenstein, dans leur logique interne, permet non seulement de reconstituer des éléments morphologiques présents dans le concept de valeur chez Marx, mais également de théoriser une crise plus fondamentale de la représentation politique, un présent qui s’étend de son contexte contemporain jusqu’à nos jours. Mettant en œuvre un procédé morphologique sans équivoque, les séquences de montage d’Eisenstein produisent une sorte de plus-value qui leur est propre, un excès sémiotique qui brasse les matériaux et présente les corps dans une danse analogue à la « danse » des « conditions pétrifiées » de Marx. C’est dans ce langage polymorphe et « diffus » – associé au stream of consciousness de l’Ulysse de Joyce – qu’Eisenstein perçoit le potentiel critique et affectif d’un cinéma à venir.

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La littérature est un voyage de découverte
Tom Bishop en conversation avec Donatien Grau
Tom Bishop and Donatien Grau
Diaphanes, 2021
Tom Bishop a, pendant plus de soixante ans, contribué à définir les échanges littéraires, philosophiques, culturels, artistiques, mais aussi politiques entre Paris et New York. Comme professeur et directeur du Centre de Civilisation et de Culture Françaises à New York University, il a fait de l'institution de Washington Square l'un des grands ponts entre les nouveautés venues de Paris et une scène new-yorkaise alors en transformation complète. Tom Bishop était proche de Beckett, a défendu Robbe-Grillet aux États-Unis, s'est lié d'amitié avec Marguerite Duras et Hélène Cixous, a organisé des rencontres publiques historiques – comme celle entre James Baldwin et Toni Morrison. Il est également chercheur, spécialiste reconnu de l'avant-garde, notamment du Nouveau Roman et du Nouveau Théâtre. En 2012, il a invité Donatien Grau à donner une conférence à NYU. A partir de cette invitation, des conversations, une amitié se sont développées – dont certaines sont rassemblées dans ce livre. Tom Bishop retrace son parcours, sa propre histoire: son départ de Vienne, ses études, ses rencontres, ses choix, sa conception de la littérature et de la vie, son rapport au monde politique et économique; la manière dont il a contribué à définir la profession de « curator » telle qu'elle se pratique aujourd'hui. Dans ces entretiens, il se présente à la fois comme un savant, un organisateur, un acteur majeur de la vie intellectuelle: un individu, avec ses déclarations, sa colère, ses refus, sa loyauté, son appétit insatiable de découverte et de nouveauté, son profond attachement à l'université, lieu de liberté et de création.
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La réalité des médias de masse
Niklas Luhmann
Diaphanes, 2012
Les médias de masse forment un système qui s’autoalimente indépendamment de toute intervention extérieure, dans lequel nous avons pris l’habitude d’évoluer sans le questionner. Niklas Luhmann propose une analyse minutieuse des modes de fonctionnement de ce système, de ses implications et des sélections simplificatrices qu’il opère au sein de la complexité et de la contingence définissant le monde. Selon lui, l’actualité émerge ainsi au sein des médias de masse en suivant des règles précises et en respectant les constructions que ceux qui l’écrivent ou la filment plaquent sur le réel. Ils façonnent la réalité tout autant qu’ils la décrivent. D’une actualité indiscutable, cet essai invite à reconsidérer la manière dont le monde se conçoit lui-même.
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L’anarchie – pour ainsi dire
Conversations avec Mehdi Belhaj Kacem, Nika Dubrovsky et Assia Turquier Zauberman
David Graeber
Diaphanes, 2020
David Graeber n’est pas seulement l’un des plus importants penseurs vivants. Il est aussi l’un des plus influents, mais, au contraire de bien d’intellectuels « engagés », l’un des très rares à avoir fait preuve d’une efficacité militante à répercussion mondiale. Nul n’a peut-être autant « impacté » sur la gauche internationale que cet homme.Tant par ses grands concepts comme ceux de la dette, de la bureaucratie ou des bullshit jobs, que par son implication cruciale dans le mouvement Occupy Wall Street, qui lui a valu un exil quasi forcé de son pays d’origine, il est peut-être l’intellectuel vivant à offrir le plus de pistes crédibles pour la sortie du capitalisme.

Se revendiquant depuis toujours anarchiste, dans ce livre d'entretiens avec Assia Turquier Zauberman et Mehdi Belhaj Kacem, Graeber parle tant sur l’histoire de l’anarchie que sur sa pertinence contemporaine et sur son avenir; tant sur les liens qui unissent l’anthropologie à l’anarchisme qu’aux « traces ADN » de celui-ci dans le mouvement d’OWS ou dans celui des gilets jaunes; sur la signification de l’éthique anarchiste non seulement dans sa portée politique, mais esthétique et artistique, sexuelle et amoureuse, etc.
Avec une verve étonnante de vivacité, de drôlerie et d’érudition, le présent livre contribue à redéfinir les contours de ce que pourrait être, comme le disait Kropotkine, une « morale anarchiste » aujourd’hui.
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Lao-Tzu, or the Way of The Dragon
Miriam Henke
Diaphanes, 2018
At its most basic, philosophy is about learning how to think about the world around us. It should come as no surprise, then, that children make excellent philosophers! Naturally inquisitive, pint-size scholars need little prompting before being willing to consider life’s big questions, however strange or impractical. Plato & Co. introduces children—and curious grown-ups—to the lives and work of famous philosophers, from Socrates to Descartes, Einstein, Marx, Freud, and Wittgenstein. Each book in the series features an engaging—and often funny—story that presents basic tenets of philosophical thought alongside vibrant color illustrations.
            In Lao-Tzu, or the Way of The Dragon, we follow the ancient Chinese philosopher who founded Taoism, from the comet that announced his birth up to his inspired composition, more than fifty years later, of the Tao Te Ching, the Book of the Way. In body and mind an old sage from birth, Lao-Tzu devotes his life to deciphering the endless book of the world. But he soon becomes frustrated with the silliness of human order, impatient kings, and greedy people, and rides off on the back of a water buffalo in search of the Way. He encounters clouds that solidify under his feet, a cave guarded by a golden monkey, and the venerable Confucius himself, and ultimately finds the wisdom of the dragon already residing deep in his own heart.
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The Last Mask
Hamann's Theater of the Grotesque
Brian Alkire
Diaphanes, 2021
Johann Georg Hamann (1730–88) remains one of the most influential and yet least understood figures in the history of German thought and literature. Throughout his life, he had major influence on figures as diverse as Goethe, Schiller, Kant, Hegel, Hölderlin, Kierkegaard, and a host of others. Hamann is also one of the most difficult-to-read authors in the German language, writing in an ultracondensed, hyperallusive language for which he became infamous—and which his detractors constantly used to dismiss him. Today, Hamann has been picked up by literary theorists as a precursor of the linguistic turn.
 
The Last Mask focuses on Hamann’s final work, Entkleidung und Verklärung (1786), which was consciously conceived of as an “Abschluss” of his “kleine Autorschaft” and a final defense against his critics. Equally philological and theoretical, it identifies a number of previously unnoticed manuscript alterations that help answer some long-standing questions in Hamann scholarship as well as open new doors for inquiry.
 
Importantly, the manuscripts show that Hamann is one of the earliest theorists of the virtual in our sense of the word today, using the word “virtualiter” to describe his own theory. He links this theory with the concept of the mask or disguise, and conceives of texts as fabrics or textiles composed of threads and strings. The philological focus is on Hamann’s understanding of intertextuality, and on the basis of his dominant string images his notion of virtuality is brought into conversation with Deleuze’s idea of a plane of immanence through the image of a skein of immanence, a knotted bundle of thread which solidifies into a three-dimensional virtual space—a new perspective in contemporary discussions surrounding the nature of virtuality.
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Le principe d’anarchie
Heidegger et la question de l'agir
Reiner Schürmann
Diaphanes, 2013
Par une lecture à rebours de l’oeuvre de Martin Heidegger, Reiner Schürmann vise à mettre au jour ce qu’il identifie comme son impensé : le principe d’anarchie. Affirmant que le projet de destruction de l’ontologie annoncé dans Être et temps n’est pleinement intelligible qu’à partir des derniers jalons de cette pensée, Schürmann fait ainsi apparaître ce que Heidegger n’avait pu expliciter lui-même. Selon lui, la question de l’être telle qu’elle est posée par le philosophe de Fribourg est indissociable de celle de l’agir. Déconstruisant la métaphysique occidentale, Heidegger aurait ainsi sapé toute possibilité de donner une arché à l'action humaine. Le paradoxe d’un principe d’anarchie, principe de « dépérissement de la règle », est aux yeux de Schürmann ce qui permet de penser l’ambiguïté de la transition opérée par Heidegger.

Interprétation audacieuse et vivifiante de l’une des oeuvres philosophiques les plus marquantes du XXᵉ siècle, Le principe d’anarchie a influencé de nombreux philosophes français contemporains. Trente ans après la première publication, la présente réédition témoigne que cette oeuvre longtemps épuisée n’a rien perdu de son actualité ni de sa force.
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Le socialisme du capital
Christian Marazzi
Diaphanes, 2017
Depuis l'effondrement des banques en 2008, le capitalisme semble être entré dans une phase de stagnation durable, mais aussi dans une instabilité géopolitique et monétaire. Le scénario qui se joue sous nos yeux évoque une sorte de « socialisme du capital » : l’État, qui subvient aux besoins des « soviets de la finance », impose à la société la dictature du marché. Plutôt qu’un effet parasite du capitalisme, cette financiarisation pourrait bien constituer la forme aussi essentielle que perverse de son nouveau régime. Les textes rassemblés dans le présent recueil analysent et commentent les changements économiques survenus ces dix dernières années en revenant sur leurs acteurs principaux, sur certains symptômes de la crise ainsi que sur des phénomènes qui ont pu apparaître jusque-là comme marginaux. Loin d’adopter une approche simplificatrice ou moralisante, Christian Marazzi relit les enseignements de Michel Foucault sur la biopolitique pour tenter d’interpréter les bouleversements contemporains comme des transformations fondamentales du politique.
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Le spectre du capital
Joseph Vogl
Diaphanes, 2010
Dans un contexte de crise financière omniprésente et durablement installée, Joseph Vogl interroge le système capitaliste, ses arcanes, ses modes de fonctionnement, la manière dont il se perpétue. Censé reposer sur une confiance multilatérale, le système des marchés est en réalité traversé d’inquiétude et d’instabilité. Ce qu’on définit comme ses « excès », en particulier la spéculation sous ses formes les plus extrêmes, semble au contraire en faire partie intégrante. Inscrit dans un rapport au temps qui refuse toute réflexion à long terme et passe d’un présent à l’autre ; régi par des responsabilités diluées dans une « main invisible », un spectre agitant dans l’ombre les flux de capitaux ; le monde financier se voit entouré d’une aura mystérieuse, aussi incompréhensible qu’imprévisible. L’enjeu de ce livre est de saisir comment l’économie financière tente de comprendre un monde qu’elle a elle-même engendré.
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L'hypothèse d'instabilité financière
Les processus capitalistes et le comportement de l'économie
Hyman P. Minsky
Diaphanes, 2013
Comment expliquer et prévoir l’instabilité qui caractérise le développement des systèmes économiques ? Comment appréhender les « marchés sauvages » qui constituent notre réalité actuelle ? Dès les années 1960, Hyman Minsky développe une théorie consacrée à l’instabilité des systèmes. Il démontre que le krach financier est un phénomène intervenant régulièrement, qui n’est dû ni à des causes externes, ni à des erreurs d’appréciation : C’est la logique des marchés financiers elle-même, bien plus que des secousses issues de la périphérie du système, qui serait à l’origine des crises. En présentant le texte central de la théorie économique d’Hyman P. Minsky, L’hypothèse d’instabilité financière offre au lecteur une première approche passionnante de cette œuvre dense, fondamentale et jusqu’à présent méconnue en France.
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L’impressionnisme à ses frontières
Le cas Meier-Graefe et la lutte pour l’art moderne en Allemagne
Victor Claass
Diaphanes, 2023

Par ses écrits pionniers sur l’histoire du développement de l’art moderne, le critique d’art allemand Julius Meier-Graefe (1867-1935) joua un rôle décisif pour la canonisation de l’impressionnisme dans l’Europe de 1900. En défendant avec subversion et énergie la peinture de Manet, Renoir ou Cézanne outre-Rhin, il se mit à dos les élites conservatrices de l’Empire, qui observaient avec méfiance la propagation des valeurs de la modernité artistique. Tout au long de sa trajectoire franco-allemande, ponctuée de virulentes polémiques et cisaillée par le surgissement de la Première Guerre mondiale, Meier-Graefe lutta contre l’emprise d’un nationalisme obtus sur les récits artistiques. Son projet de régénération de la culture allemande fut ainsi indissociable de ses efforts pour la fédération d’une Europe pacifiée des images.

Si le progressisme francophile tout comme le vitalisme de son approche de la peinture ont parfois été soulignés, l’étude de son implication dans les débats politico-culturels de son temps révèle une personnalité plus nuancée. Ce livre analyse ainsi les surprenants à-coups et paradoxes ayant émaillé la carrière transnationale de Meier-Graefe, où alternèrent phases d’enthousiasme débridé et d’intense désillusion. Le personnage s’y dévoile comme un penseur du déclin et le chantre d’une modernité idéalisée, dont l’impressionnisme représentait à la fois la quintessence et le chant du cygne.

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Liquidity, Flows, Circulation
The Cultural Logic of Environmentalization
Edited by Mathias Denecke, Holger Kuhn, and Milan Stürmer
Diaphanes, 2022
Interdisciplinary studies that combine the current of materialist thinking with discussions of ecologies and environmentalization.

Placed at the intersection of art, media, and cultural studies as well as economic theory, Liquidity, Flows, Circulation investigates the cultural logic of environmentalization. As flows, circulations, and liquidity resurface in all aspects of recent culture and contemporary art, this volume investigates the hypothesis of a genuine cultural logic of environmentalization through these three concepts.

It thus brings together two areas of research that have been largely separate. On the one hand, this volume takes up discussions about ecologies with and without nature and environmentalization as a contemporary form of power and capital. On the other hand, it takes its cue from Fredric Jameson’s notion that each stage of capitalism is accompanied by a genuine cultural logic. The volume introduces this current of materialist thinking into the ongoing discussions of ecologies and environmentalization. By analyzing contemporary art, architecture, theater, films, and literature, the fifteen contributions by scholars and artists explore different fields where liquid forms, semantics flow, or processes of circulation emerge as a contemporary cultural logic.
 
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Lire Marx
Reiner Schürmann
Diaphanes, 2020

Le titre est, bien entendu, inspiré par Althusser (“Lire Le Capital”) – mais de façon polémique. Par “lire Marx” j'entends lire Marx et non pas Engels, Mao, Gramsci, Lukács, Marcuse, Althusser et ainsi de suite. En d'autres termes : le but de ce cours est, avant tout, de délibérément désintriquer la pensée de Marx de la pensée marxiste. Une polémique avec certains marxistes sera ainsi menée en sous-main, par des allusions ponctuelles. Un tel programme véhicule trois implications majeures : Qu'il y a effectivement une différence de pensée entre Marx et le marxisme. Ce premier point sera établi à travers une lecture philosophique de Marx : l'hypothèse étant que ce qui se trouve de plus original dans Marx, ce n'est ni sa pensée politique, ni sa pensée sociologique ou économique, mais bien sa charpente philosophique. Cette charpente philosophique détermine et situe ses autres théories. La seconde implication, c'est qu'un clivage entre Marx et les marxistes existe comme tel, qu'il peut être défini par certaines caractéristiques générales, et que ces caractéristiques générales différent de la pensée originale de Marx ou la restreignent. Il s'agit là d'un sujet passablement complexe, voire compliqué ; mais on peut résumer ce clivage en disant que le marxisme

a surtout retenu de Marx les éléments utiles à l'action politique dans une situation donnée, urgente. Une théorie de la “praxis révolutionnaire” a donc pris la place de la philosophie. La troisième implication est la précompréhension qui préside à l'approche du texte. Un texte est quelque chose d'imprimé : il représente comme tel un objet clos, constitué, fini. Mais nous n'en obtiendrons de réponses décisives que si nous le soumettons à des questions décisives. Et la question décisive que soulèvent les marxistes, c'est l'urgence d'une situation révolutionnaire (qu'elle existe de fait ou doive être réalisée). Leur question est donc généralement homothétique à celle de Lénine : “Que faire ?” C'est la question de ceux qu'Althusser appelle les “intellectuels militants” (pour Marx 24), et qui participent directement aux luttes de la classe ouvrière. Une telle “ lecture” de Marx est stratégique. Or, je tiens que la lecture stratégique ne peut que rester aveugle, de par sa nature même, au questionnement philosophique. Notre précompréhension des textes de Marx n'a, par conséquent, rien de stratégique ; elle est bien plutôt qu'ils proposent une réponse à la plus ancienne question de la philosophie occidentale : ti to on, savoir : qu'est-ce que l'être ? ou : qu'est-ce que la réalité, ainsi que son corollaire : qu'est-ce que la vérité ? Donc : Marx versus marxisme ; le concept de “praxis” comme étant le concept différenciant Marx du marxisme ; une double théorie des textes. Développons plus avant ces trois points

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Literature Is a Voyage of Discovery
Tom Bishop in Conversation with Donatien Grau
Tom Bishop and Donatien Grau
Diaphanes, 2021
A blend of theory and stories from an extraordinary life by a leading cultural figure.

Tom Bishop has, for over sixty years, helped shape the literary, philosophical, cultural, artistic, and political conversation between Paris and New York. As professor and director of the Center for French Civilization and Culture at New York University, he made the Washington Square institution one of the great bridges between French innovation and a New York scene in full transformation. Bishop was close to Beckett, championed Robbe-Grillet in the United States, befriended Marguerite Duras and Hélène Cixous, and organized historic public encounters—such as the one between James Baldwin and Toni Morrison. He was also a scholar, a recognized specialist in the avant-garde, notably the Nouveau Roman and the Nouveau Théâtre.
 
In 2012, Bishop invited Donatien Grau to give a talk at NYU. This invitation led to conversations—many of which are presented in this book—and a friendship. Literature Is a Voyage of Discovery gathers their dialogues, retracing Bishop’s career, his own history, his departure from Vienna, his studies, his meetings, his choices, his conception of literature and life, his relationship to the political and economic world, and the way he helped define the profession of “curator” as it is practiced today, offering a thought-provoking look into one of the leading minds of our time.
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Luther. The Origin of Modern Self-Consciousness
Reiner Schürmann Lecture Notes
Reiner Schürmann
Diaphanes
If we are to understand the specifically modern function of self-consciousness, we must first look to the origins of the concept. Among the key thinkers who elaborated on self-consciousness was the German monk and theologian Martin Luther. Reiner Schuermann’s writings and lectures on Luther therefore offer an innovative reading of the systematic role of self-consciousness in both premodern and modern cultures.

This volume in a planned twenty-nine-part series, Reiner Schuermann: Luther. The Origin of Modern Self-Consciousness sees Schuermann tracing Luther’s conception of the rise of self-consciousness as the subjective reference point. Schuermann then explores this conception in conversation with both the Cartesian cogito and Kantian apperception.
 
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L’Écologique de l’Histoire
Valentin Husson
Diaphanes, 2020

Il y a plaisir à saluer l‘arrivée d’un philosophe tout neuf qui soudain bondit dans le cortège dionysiaque. Plus on est de fous, plus on pense, le proverbe dit vrai et notre temps de misère a plus que besoin de se refaire – s’il se peut – une vigueur spéculative. Il y a plus que du plaisir, une vraie jubilation lorsque le tout neuf philosophe affirme une pensée de la jouissance, de l’abondance et de la dépense au sens de Bataille (ici toujours discrètement mais efficacement présent). Une pensée énergique au sens le plus – oserais-je dire « vitalisant » du terme. L’energeia n’a-t-elle de sens que depuis l’être ? N’y a-t-il pas une autre énergie à penser ? Une énergie non pas de l’être, ni relative à celle extraite de la nature pour des fins productives et économiques, mais une énergie excédentaire, une sorte de « dépense improductive » (Bataille) de la vie ? Une énergie qui serait le luxe biologique du vivant. Ce luxe biologique, Valentin Husson le pense comme – on ne peut plus dire « ontologique » – comme existence en un sens qui se dérobe à Heidegger et à son « sens de l’être » pour affirmer un avoir à être selon lequel l’être se dissipe au-delà de toute consistance tandis que l’avoir à prend toute l’énergie d’une vie en débordante envie d’elle-même. Jean-Luc Nancy

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L’étrange survie du néolibéralisme
Colin Crouch
Diaphanes, 2016
Lorsqu'en 2008, la banque d’investissement Lehman Brothers fait faillite, on aurait pu s'attendre à ce que l'ère néolibérale touche à sa fin. Mais c’eût été méconnaître la véritable nature du néolibéralisme, qui ne se résume pas à la suprématie du marché sur l'État. Retraçant les batailles idéologiques et politiques qui opposèrent keynésiens – partisans du levier étatique – et « néolibéraux » – thuriféraires du marché –, Colin Crouch démontre que cette bipolarisation du débat ne permet plus de comprendre les enjeux contemporains du système néolibéral.
L'Étrange Survie du néolibéralisme s'efforce en effet de révéler comment ce combat s'est soldé par l'avènement de très grandes entreprises, un nouveau pouvoir qui fait désormais pièce à l'État comme aux marchés. Loin de s'apparenter à un aride examen des théories néolibérales, ce texte très accessible cherche à penser le rôle de la « société civile », la seule force, selon l'auteur, en mesure de faire face à la triade formée par le marché, l’État et les conglomérats.
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